Pour imprimer ce texte avec une meilleure mise en page,
vous pouvez télécharger l'un des fichiers suivants
:
|
LA RENNAISSANCE EXISTE-T-ELLE
?
RÉFLEXIONS À PARTIR
DE MICHELET.
à propos de :
|
Michelet et la Renaissance.
de Lucien FEBVRE
Flammarion, 1992.
|
Pendant longtemps
la Renaissance n'exista pas. Il fallut en effet attendre le XIXe
siècle pour que cette notion se mit à représenter
un vaste mouvement culturel qui aurait débuté au XIVe
siècle en Italie et qui serait ensuite passé en France à
la fin du XVe siècle. Mouvement
qui correspondrait à un renouveau éclatant des lettres et
des arts antiques, à l'éclosion d'une nouvelle vision de
l'homme et de l'univers, ainsi qu'au développement de l'individualisme.
Une telle caractérisation est toutefois fort contestable et les
spécialistes ne cessent, depuis lors, de se disputer sur les dates,
les causes et les caractères essentiels de la Renaissance. D'abord,
la notion de Renaissance est née d'une dépréciation
et d'une condamnation du Moyen Age. Or, actuellement plus aucun historien,
ou presque, ne voit dans le Moyen Age une période d'obscurité
et de ténèbres peu propice à la créativité
et à l'épanouissement de fortes personnalités. Ensuite,
l'influence de l'Antiquité n'a pas attendu le XIVe
siècle en Italie ou le XVe siècle
en France pour jouer un rôle fondamental dans les lettres et les
arts. Et il serait naïf de croire que l'homme de la « Renaissance »
se soit soudainement dépris de la foi de ses pères pour adopter
un esprit critique annonçant notre modernité. En bref, si
changement il y a -- mais en toute époque n'y en a-t-il pas ? --,
l'idée d'une opposition radicale, d'une rupture entre la Renaissance
et le Moyen Age demeure très fragile. Peut-on dès lors continuer
à voir dans la Renaissance un large renouvellement de la culture
et même de la civilisation européenne ? Et si ce n'est pas
le cas, doit-on continuer à « périodiser » l'histoire
en y distinguant ce siècle et demi comme s'il formait une unité ?
N'est-il pas temps, en quelque sorte, d'en finir avec la Renaissance ?
Sur
ce point les avis sont partagés. En tout cas, certains historiens
rétorquent que même si le terme de « Renaissance »
est arbitraire, ainsi que le découpage temporel qui lui correspond,
il constitue néanmoins une étiquette commode. Mais, même
une position « réformatrice » comme celle-ci sous-estime
la forte influence de la connotation du terme en question -- pour ne pas
parler de celui de Moyen Age. Parler de Renaissance, c'est s'ouvrir immanquablement
à l'idée d'une renaissance de la civilisation, et petit à
petit laisser l'idée d'un déclin préalable s'imposer.
C'est pourquoi maintenir la notion de Renaissance semble dénaturer
toute l'approche des siècles qui la précèdent, dans
le sens où pour faire émerger la Renaissance, il faudrait
rabaisser le Moyen Age. Et c'est effectivement ainsi que la notion de Renaissance
est « apparue » au XIXe siècle
avec Jules Michelet (1798-1874), car ce serait lui le créateur de
la notion, comme nous l'explique Lucien FEBVRE (1878-1956) dans ce livre
saisissant, qui reprend les cours qu'il a donnés en 1942-43 au Collège
de France (voir sommaire). Michelet se serait en
effet mis à déprécier le Moyen Age -- ce Moyen Age
qu'il avait tant aimé comme tous les romantiques -- pour donner
un souffle nouveau à sa grande Histoire de France. Mais ce
renouveau, il ne l'a pas découvert dans les archives qu'il épluchait,
c'est en lui-même qu'il en sentit le désir. Ce sont ses épreuves
personnelles et la situation politique de son époque qui l'ont inspiré
pour donner vie à cette notion historique. Il a inventé la
notion de Renaissance tout simplement parce qu'elle répondait à
une exigence personnelle. On comprendra alors aisément tout l'intérêt
qu'il y a à se pencher sur la genèse d'une telle invention
pour évaluer sa pertinence.
Commençons
par l'histoire des mots. Le terme de « Moyen Age » date du
milieu du XVe siècle, mais il ne
devient vraiment courant qu'à partir du XVIIe
siècle, époque où des érudits allemands divisèrent
l'histoire de l'humanité en trois ères : l'Antiquité,
le Moyen Age et les Temps Modernes. Et si jusqu'au XIXe
siècle il n'y a pas de trace de la Renaissance, avec une majuscule,
il est, en revanche, régulièrement question, tout au long
de la période médiévale et même après,
d'une restauration de l'Antiquité, que ce soit pour exprimer
la volonté d'une restauration politique de l'Empire romain, d'un
retour aux moeurs de l'Église primitive ou d'un renouveau des lettres
latines. Cette idée de restauration, que reprirent après
tant d'autres les « humanistes » italiens du XIVe
siècle et dont on fera jaillir comme par miracle l'idée d'une
Renaissance italienne, n'était donc pas au départ une notion
chronologique, mais éthique : une manière de juger le passé
récent qu'on dépréciait en valorisant le passé
lointain. Or, une fois tombé l'espoir d'une restauration politique
de la Rome antique, les humanistes italiens se focalisèrent sur
la langue et les lettres latines. Et c'est en prenant conscience de cet
idéal artistique qu'on en est venu, plus tard, à parler d'une
renaissance des lettres et des arts. Mais, en tout cas, on ne parla jamais
avant le XIXe siècle de « Renaissance »
tout court comme d'une dynamique globale. Certes, Voltaire parlant de François Ier
s'ouvrit timidement à l'idée : « Il fit naître
le commerce, la navigation, et les lettres, et tous les arts ; mais il
fut trop malheureux pour leur faire prendre racine en France... »
Le terme de renaissance, compris comme un renouveau de l'Antiquité,
suscitait de toute façon un certain nombre de réticences
en ce XVIIIe siècle. Depuis que
les Modernes l'avaient « emporté » face aux Anciens
lors d'une célèbre querelle, l'étude des auteurs anciens
avait perdu une partie de sa valeur. Comment pouvait-on alors mettre en
avant une renaissance des lettres et des arts qui avait pris modèle
justement sur l'Antiquité ?
En revanche, au
XIXe siècle, l'idée d'une
renaissance des arts et des lettres commençait à être
davantage dans l'air du temps, à l'exemple d'un Stendhal qui évoqua
avec enthousiasme à plusieurs reprises la « renaissance des
beaux-arts » ou la « renaissance de la peinture » dans
son Histoire de la peinture en Italie (1817). Le mot « renaissance »,
toujours sans majuscule, en vint même chez certains auteurs à
désigner une période, pas encore de l'histoire humaine, mais
de l'histoire de l'art. Quoi qu'il en soit, le mot Renaissance avec une
majuscule n'apparaît nulle part : ni dans ce qu'écrit Michelet
avant 1840 (voir son Tableau chronologique de l'histoire moderne,
1825, ou son Précis d'histoire moderne, 1827), ni dans toutes
les Préfaces de Hugo à ce qu'on pourrait nommer ses drames
de la Renaissance : Lucrèce Borgia, Marie Tudor... ni ailleurs.
Or, tout d'un coup, Michelet lance du haut de sa chaire au Collège
de France -- nous sommes en 1840-41 -- cette notion historique de Renaissance.
Cette fois-ci ce n'est plus de l'art ou des lettres dont il est question,
c'est de la Renaissance de l'homme tout entier. Était-ce la découverte
de données historiques que personne n'avait prises en compte jusque-là ?
Il semble plutôt que ce mot de renaissance qui commençait
une humble carrière soit tout simplement devenu le symbole d'une
époque parce que Michelet portait en lui une très forte exigence
de renouveau. L'aveu figure sous sa plume dans une note (cf.p. 40) : ce
qui lui fit entreprendre ce cours, dans un grand enthousiasme, c'est, après
le désespoir que lui avait causé la disparition de sa première
femme en juillet 1839, l'espoir et la renaissance -- le mot est en toutes
lettres -- que provoqua en lui, peu de temps après, la rencontre
d'une de ses auditrices du Collège. Que ce mot de Renaissance qui
répondait à ses états d'âme du moment se mit
à caractériser le tout d'une époque n'a d'ailleurs
rien d'étonnant chez Michelet, lui qui a toujours mêlé
sa vie intime à ses travaux historiques.
Cet entremêlement
de l'histoire et de sa vie personnelle était en effet permanent
chez Michelet. Mais loin d'y voir un défaut, il en faisait sa méthode.
D'ailleurs comment un historien qui cherche à effectuer la synthèse
de tous les faits épars qu'il récolte -- ici les faits politiques,
là les faits économiques, là encore les faits religieux,
etc. -- pourrait-il y arriver si ce n'était en revivant intérieurement
l'histoire en question ? En tout cas, si l'historien doit donner à
du passé mort depuis longtemps un peu de sa vie à lui, Michelet
le fit peut-être un peu plus intensément que les autres. Ses
écrits en portent le témoignage : « L'Histoire est
une violente chimie morale où mes passions individuelles tournent
en généralités, où mes généralités
deviennent passions, où mes peuples se font moi, où mon moi
retourne animer les peuples. Ils s'adressent à moi pour que je les
fasse vivre. » Plus loin, parlant encore de « ses » peuples :
« Alors, ils me disaient en gémissant que c'était la
même chose, qu'eux et moi, nous n'étions qu'un, que nos coeurs
souffraient de même, que leur vie vivait dans ma vie, que ces pâles
ombres étaient mon ombre, ou plutôt que moi-même j'étais
l'ombre vivante, fugitive, des peuples fixés dans la véritable
existence et dans l'immutabilité (Journal, cité p. 115). »
Il est clair qu'il mettait plus que son imagination au service de la résurrection
du passé, il y mettait toutes ses passions et toute sa vie. Dans
un autre texte, il est encore très clair sur le sujet : « Si
j'avais écrit sur l'histoire des religions ? J'aurais tiré
toutes ces religions du dedans, comme d'un mouvement de coeur ; je les
aurais inventées l'une après l'autre pour le remède
de mon âme, les rejetant derrière moi à mesure que
je n'y trouvais pas le dictame cherché (cité p. 115). »
Ainsi Michelet avait
le besoin de se fondre dans les morts, de se nourrir, comme il dit, de
leur sang noir, et de leur restituer ce qu'il pouvait de sa vie chaude
et palpitante. Mais en se mêlant à eux, en leur prêtant
sa subjectivité, il éprouvait aussi toutes leurs passions.
C'est ainsi qu'à propos de l'histoire de la Révolution française
sur laquelle il était en train de travailler, il écrivit :
« J'accomplis ici une tâche très rude de revivre, refaire
et souffrir la Révolution ; je viens de traverser septembre
et toutes les affres de la mort ; massacré à l'abbaye, je
vais au tribunal révolutionnaire, c'est-à-dire à la
guillotine (lettre du 18 septembre 1849, citée p. 114). »
Dans une autre lettre : « Ne croyez pas que je vous oublie un seul
jour [...]. Mais Robespierre mange ma moelle et mes os (lettre de septembre
1852, citée p. 52). » La Renaissance ne resta bien sûr
pas à l'écart de ce grand mouvement de résurrection.
Là aussi Michelet est explicite : « Quant au grand mouvement
de la Renaissance, vous le trouverez plus loin. Vous y verrez ce mouvement,
infiniment complexe, procéder d'un principe simple. Je n'avais jamais
encore soulevé une si grande masse, accordé dans une vivante
unité tant d'éléments discordants en apparence. Tous
ces éléments étaient en moi depuis longtemps, mais
seulement comme connaissance ; ils sont devenus aujourd'hui mes
sentiments, mes propres pensées ; si toute cette histoire
extérieure est maintenant très simple, c'est parce que, l'ayant
retrouvée en moi, elle est devenue moi-même. J'étais
resté plusieurs mois immobile en face de mes matériaux dispersés ;
l'unité et la vie ont commencé tout à coup à
animer ce chaos de choses mortes (lettre du 15 mai 1841, citée p. 111). »
Que s'est-il donc
passé en 1840-41 pour que Michelet invente la Renaissance ? Comme
nous l'avons déjà dit, il venait de perdre sa première
femme. Abattu par le chagrin, il avait toutefois, peu après, rencontré
Mme Dumesnil, et le voilà qui se mettait à rêver d'une
vie nouvelle. Mais ce n'est pas tout. Michelet étouffait de plus
en plus en ce début des années 40. Lui, qui avait mis tant
d'espoir dans la Révolution de Juillet (1830), trouvait que plus
les années passaient, plus le résultat était amer.
Décidément, lui le fils du peuple, il n'aimait pas la France
de Guizot et ses valeurs bourgeoises. Il n'aimait pas ce gouvernement,
celui « de la banque, des gros propriétaires et des gros industriels,
c'est-à-dire d'une minorité dans ce pays agricole. [Et] pour
comble de faiblesse, [ce gouvernement avait] été chercher
secours dans le parti du prêtre (note datant de 1845, cité
p. 161). » Alors, puisque l'Église s'associait à ce
qu'il n'aimait pas, il n'aimait plus l'Église. Ainsi, dégrisé
de l'ivresse de Juillet, de plus en plus anticlérical, il attendait
avec impatience un renouveau. Or, au même moment, il était
en train d'écrire son Louis XI, le tome qui devait clore son Moyen
Age et qui allait paraître en 1843. Et que vit-il en Louis XI ? Un
roi pour les bourgeois, un roi prudent, calculateur, sans grandeur et générosité,
en sorte que le temps de Louis XI lui apparaît sous les aspects du
temps méprisé, le temps de Louis-Philippe. Alors Michelet,
le grand amoureux de la vie, le grand amoureux de la France, lui qui osait
affirmer « je suis la France (lettre, citée p. 122) »,
n'aspire plus, comme nous le raconte Lucien Febvre, qu'à la Renaissance :
sa propre Renaissance après maintes épreuves personnelles ;
la Renaissance de la France de Louis-Philippe dans une France plus généreuse,
plus désintéressée, moins bassement bourgeoise ; enfin,
la Renaissance de la France de Louis XI dans une France plus ardente, plus
noble et plus belle.
Le problème
est que Michelet avait aimé le Moyen Age et son christianisme. Dans
de belles pages sur cette époque, il avait écrit qu'en l'Église
seule se trouvait « l'intelligence de l'homme, sa vraie vie, son
repos (cité p. 233) ». Il l'avait vénérée
au point de l'identifier au peuple, hommage suprême sous sa plume :
« L'Église est peuple elle-même (cité p. 233). »
Mais désormais, c'était fini. En ce milieu du XIXe
siècle, Michelet rentrait dans la mêlée politique et
décidait de livrer combat au clergé. Il en attendait un monde
meilleur, une nouvelle France... la vraie France. Mais on ne touche pas
à l'Église sans toucher au Moyen Age, cette grande époque
du christianisme. Ce Moyen Age que Michelet avait adoré avec tant
de dévotion, il fallait donc le « tuer ». Cela fut fait
avec détermination : « Le Moyen Age [...] où j'ai passé
ma vie, dont j'ai reproduit dans mes histoires la touchante, l'impuissante
aspiration, j'ai dû lui dire : arrière !, aujourd'hui
que des mains impures l'arrachent de sa tombe et mettent cette pierre devant
nous pour nous faire choir dans la voie de l'avenir (Le Peuple,
1846). » Il ne restait plus à Michelet, par d'amples coupures
et de nombreux changements dans les rééditions des premiers
tomes de son Histoire de France parus auparavant, qu'à supprimer
les belles pages qu'il avait consacrées au Moyen Age. Là
où il avait vu des signes du « triomphe de la liberté
morale (cité p. 233) » il ne voyait plus désormais
qu'un « état bizarre et monstrueux, prodigieusement artificiel. »
C'est ainsi tout le Moyen Age qui, derrière le triste et morne siècle
de Louis XI, tombait dans l'obscurité, terrassé par Michelet.
Alors, enfin la Renaissance pouvait arriver, une Renaissance complète,
totale, mais une Renaissance -- puisque le Moyen Age était mort
-- qui ne pouvait venir que de l'extérieur, d'un miracle qui eut
pour nom « Italie ».
Ainsi, pour faire
renaître la France, Michelet attendait une rencontre, un choc, une
étincelle. C'est pourquoi, après en avoir fini non sans difficulté
avec Louis XI, il descendit impatiemment le cours de son histoire, et voilà
qu'il arriva à Charles VIII. Il attendait d'être réveillé
de sa torpeur et le voilà plongé dans les guerres d'Italie.
Il se mit en marche ; il suivit la colonne. Et du heurt des fantassins,
il vit jaillir une étincelle, puis une flamme, puis « la colonne
de feu qu'on appela Renaissance (Histoire de France, IX, cité
p. 176). » Elle embrasa la France, puis toute l'Europe : « Un
événement immense s'était accompli. Le monde était
changé. Pas un État européen, même des plus
immobiles, qui ne se trouvât lancé dans un mouvement tout
nouveau (Histoire de France, IX, cité p. 176). » La
Renaissance était née : « Après maintes épreuves
personnelles [...], mort et rené je fis la Renaissance (Histoire
de France, préface de 1869). » Négligeant toutes
les relations franco-italiennes des siècles passés, Michelet
la faisait ainsi jaillir de ces guerres d'Italie, du choc entre la France
de Charles VIII et l'Italie des Borgia, et ceci sur les décombres
du Moyen Age.
Voilà esquissée
la façon dont Michelet inventa une Renaissance dont nous avons,
d'une certaine manière, hérité. La question est alors
de savoir s'il faut s'en défaire, ou si au contraire il faut continuer
à « tuer » le Moyen Age pour la faire « vivre » ?
Si l'on se reporte à ce qui vient d'être présenté,
il paraît difficile de s'accrocher autant au terme qu'à la
notion historique. Mais Lucien Febvre a eu des contradicteurs. Selon eux,
Michelet n'aurait pas inventé la notion de Renaissance ; tout juste
aurait-il été le premier à la populariser. Et puis
beaucoup d'historiens ayant étudié ce XVIe
siècle depuis Michelet sont d'accord pour y voir un renouvellement
de la civilisation européenne. C'est pourquoi il n'y aurait aucune
raison selon eux d'abandonner cette périodisation, ni le terme qui
sert à la dénommer. La Renaissance ne serait donc pas une
invention, mais une découverte du XIXe
siècle. Michelet aurait été en quelque sorte bien
inspiré et il aurait su atteindre, à travers son expérience
personnelle et intime, le grand mouvement d'une histoire vieille de quelques
siècles. Ainsi Michelet ne serait pas un grand historien victime
de ses élans poétiques et de sa démarche de visionnaire,
mais un grand historien grâce à ceux-ci. Avec Michelet
la poésie se serait enfin mise au service de l'histoire ! On peut
toutefois se demander si la catégorie historique qu'a « lancé
dans la vie » ce génial poète n'exerce pas encore un
pouvoir si fort, une tyrannie si complète sur certains historiens
qu'ils seraient incapables de voir autre chose dans ce XVIe
siècle que des figures du renouveau. Prisonniers d'un cadre intellectuel,
soumis au pouvoir des mots, les corrections de détails qu'ils apportent
à l'Histoire de Michelet ne leur permettraient en rien de
se dégager de cette catégorie historique qu'est la Renaissance.
Ce n'est bien sûr pas ici le lieu pour discuter de cette alternative.
Mais le beau livre de Lucien Febvre -- qui est, il ne faut pas s'y tromper,
un fervent hommage à Michelet -- est une merveilleuse occasion pour
y méditer.
Thomas LEPELTIER,
le 6 avril 2000.
Retour
Sommaire
Avertissement de l'éditeur, Paule Braudel.
-- Michelet et le problème de la Renaissance.
-- Où est né le concept historique de la Renaissance ?
-- La genèse de l'Histoire et la Révolution romantique.
-- La genèse de l'Histoire et les transformations de la philosophie
à la fin du XVIIIe, au début
du XIXe siècle.
-- L'Histoire et la Révolution française.
-- Les thèmes préromantiques aboutissant à l'Histoire
de Michelet.
-- La méthode de Jules Michelet en 1840 (I).
-- La méthode de Jules Michelet en 1840 (II).
-- Michelet voyageur en Italie.
-- Michelet en Italie -- Florence.
-- Comment, pourquoi, quand Michelet a-t-il créé la Renaissance ?
-- Ce qu'est la Renaissance pour Michelet. Difficulté de la
définir. Pourquoi ? Comment pense Michelet ?
-- Comment pense Michelet (suite) ? Analyse de la pensée de
Michelet.
-- La Renaissance et la France. La Renaissance et l'Europe.
-- Comment Michelet, dans quel état d'esprit Michelet aborde-t-il
la Renaissance ?
-- Comment Michelet, pour que vive la Renaissance, a tué le
Moyen Age.
-- Michelet a composé le drame en trois actes : Renaissance
-- Réforme -- Contre-Réforme, que nous ne cessons de
reprendre tous.
-- Stendhal et la Renaissance (I).
-- Stendhal et la Renaissance (II).
-- Stendhal, inventeur du thème du virtuose.
-- Étienne Delécluze.
-- Delécluze en Italie.
-- Delécluze et Stendhal.
-- L'Italie de 1820 et les Français.
-- Les contemporains de Michelet et ce qu'ils cherchent dans le Moyen
Age.
-- Les idées historiques de Delécluze.
-- Conclusion.
400 pages
ISBN 2-08-066662-2
175 FF (2000)
|